Etude de cas

Afin de mieux comprendre, les différences et les ressemblances entre deux JT, nous avons décidé de comparer le journal de TF1 et de France 2 à la même date : le mardi 3 décembre 2013. Nous allons pouvoir analyser la manière dont les deux plus grands JT de France 2 traitent l'information. Quels sont les choix de chacun des journaux ? Quelles sont leurs ressemblances, leurs différences ? 

Vous pouvez trouver le lien des deux journaux que nous avons décidé de traiter ci dessous :

https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/jt-20-heures-mardi-3-decembre-2013_468284.html (France 2)

(TF1)

 

Les deux journaux s'ouvrent sur un générique qui a une valeur significative. Il a pour objectif de donner au JT une identité visuelle. Cette bande son captivante marque la rupture avec le programme précédent que ce soit une publicité, une fiction ou un jeu. Il retient l'attention du téléspecteur et l'appelle à regarder le journal. Il est attendu et reconnu par tous. 

Le générique de TF1 retrace un globe terrestre. On comprend donc que la chaîne promet de relater tous les faits en donnant une dimension internationale au journal. L'information européenne et surtout nationale est prévilégiée car le générique s'achève sur l'Europe et plus particulièrement sur la France. 

En revanche, le générique de France 2 nous laisse entrevoir les bureaux de la rédaction pour illustrer le travail collectif de la chaîne. 

Vous pouvez visionner ces deux génériques au début des deux liens proposés ci dessus.

Les deux journaux débutent par les titres de l'actualité présenté sous forme de sommaire qui va du plus important au plus anecdotique. A l'annonce des titres, les deux présentateurs ne font aucune liaison entre les sujets. Seule une petite musique permet de faire comprendre au téléspectateur que l'on passe d'un sujet à l'autre. 

De plus, alors que le présentateur de France 2 choisit de commencer pas saluer les téléspectateurs par son célébre "Madame, Monsieur, bonsoir", TF1 annonce immédiatement le sujet principal : le classement PISA. C'est une stratégie qui incite le téléspectateur à rester sur la chaîne en le captivant par le sujet principal. Ainsi, il est impatient de découvrir les autres sujets et c'est aussi un moyen de montrer au téléspectateur que c'est l'information qui prime.

Les différents sujets abordés le 3 décembre 2013 par les deux chaînes sont cités par le présentateur. D'autres sujets, comme les manifstations en Ukraine, s'ajouteront au fil du journal.

 
 
 

Le 3 décembre 2013, les titres de TF1 et France 2 sont très différents. On comprend alors que les chaînes n'ont pas séléctionné les mêmes informations dans les nombreuses actualités qui se déroulent dans le monde. Ces différences peuvent être motivées par la différence de public qui regarde ces JT (Voir A- Des choix commerciaux afin de convaincre un plus grand nombre ) Seul le classement PISA est commun aux deux chaînes. TF1 et France 2 ont choisi d'en faire leur sujet principal. Le sujet principal est le plus long du journal et dure en moyenne sept minutes, ce qui souligne son importance. En général, c'est ce sujet dont les téléspectateurs se souviennent le mieux. 

Ce sommaire nous permet de constater les choix journalistiques établis par chaque chaîne. Le sommaire de TF1 présente une information "nationale". Même si durant l'édition ils évoqueront des situations internationales, cela met en évidence que ce sont ces titres qui sont susceptibles de plaire au téléspectateur. Dans le journal du 3 décembre 2013, aucune actualité économique ne sera traitée. En revanche, beaucoup de faits de société seront évoqués comme les braquages et un reportage sur les détenus. 

Le journal de France 2 a une dimension plus internationale et se préoccupe moins des faits-divers. Seul un rapide sujet sur la mort de la fillette à Berck est évoqué. L'emploi est aussi très largement évoqué dans cette édition. C'est la première préoccupation des Français ( A- Des choix commerciaux afin de convaincre un plus grand nombre ) et la chaîne l'a bien compris. 

Il est particulièrement interessant de travailler sur le sujet concernant le classement PISA car c'est le seul sujet qui est traité par les deux chaînes. Vous allez pourtant voir que les deux chaînes ne l'ont pas traité de manière similaire.

Pour TF1, le sujet sur le classement PISA dure sept minutes. Dans leur reportage, les journalistes expliquent alors la raison de l’échec scolaire en faisant intervenir différents protagonistes : le ministre de l’Education nationale, quelques spécialistes comme des professeurs ainsi que des élèves. 

Alors que l’information est présentée, TF1 agrémente le sujet par des reportages complémentaires en présentant l'exemple de la Finlande ou de la Corée du Sud qui ont reçu une excellent note par PISA. Ainsi, il est possible pour les téléspectateurs d’établir une comparaison. La Finlande et la Corée du Sud apparaîssent comme un modèle qui reçoit de nombreuses louanges au contraire de la France. L’exemple de la Corée du Sud n’est nuancé qu’en fin de reportage en pointant du doigt le nombre record de suicides chez les adolescents dans ce pays.

D'une durée de 7 mintues comme son concurrent, le reportage de France 2 s'ouvre sur des images de pays asiatiques pour illustrer leur réussite. Puis, pour la France, ce sont des images d'enfants qui peinent à résoudre un exercice de mathématiques. On comprend clairement le message de cette comparaison qui montre l'échec de la France. France 2 ne fait pas intervenir autant de protagonistes que TF1 à l'exception d'une intervention de Vincent Peillon. Les deux chaînes l'ont intégré dans ce reportage car il est la "référence" en matière d'éducation en France. La mauvaise note de la France doit être justifiée par le Minsitre de l'Education nationale. TF1 pointe d'ailleurs du doigt la politique de ce ministre en précisant que "C'est pourtant le premier budget de la France".

En revanche, France 2 fait un autre choix que son concurrent et propose de dévoiler un des exercices donné dans le cadre de l'étude PISA. Les commentaires précisent que beaucoup d'élèves ont échoué alors que l'exercice paraît plutôt simple. C'est une aussi une façon pour eux de stigmatiser le système éducatif. En revanche, leurs propos se nuancent en précisant que "les élèves connaissaient surêment la théroie, mais qu'ils n'ont pas réussi à la mettre en pratique." 

Dans les reportages complémentaires, France 2 essaie de déterminer à quel âge tout se joue en se rendant dans une classe de CP et de CE1 pour montrer les différentes pratiques pédagogiques mises en place. La chaîne tente d'expliquer grâce à un spécialiste, l'enseignant, les failles du système français. Puis, comme son concurrent, la chaîne évoque l’exemple de la Corée du Sud qui n'est pas présenté comme un modèle. On y voit des élèves surmenés par le travail entre leurs cours, leurs devoirs et leurs cours particuliers. Contrairement à TF1, l'exemple du système coréen est très loin d'être idéalisé.

Cependant, on retrouve une ressemblance frappante commune aux deux chaînes : leurs images. 

 

 

Les images de TF1 comme vous pouvez le constater sont presque similaires et illustrent la même idée. En effet, on pourrait croire les images jouent un rôle majeur dans l'information télévisée mais ils ne constituent pas toujours la véritable information. Pourtant, c'est ce que recherche le téléspectateur dans le journal. En effet, le journal télévisé est constitué d'images animés et de sons contrairement à la radio ou la presse écrite. Mais dans ce cas, ce sont les commentaires qui constituent la véritable information. Alors que les commentaires devraient illustrer les images, se sont en fait les images qui illustrent le commentaire. Dans cet exemple, les images ne sont que secondaires. Et si l'on s'amuse à couper le son, l'information serait incompréhensible. 

 

Les deux chaînes font intervenir dans cette édition du 3 décembre, un reporter qui traite de l'information internationale. La liaison est assez courte pour les deux chaînes (moins de deux minutes). La seule parole du reporter constitue l'information puisqu'aucune image ne les illustre. Le présentateur pourrait donc très bien en parler lui même sur le plateau. Pourtant, la liaison avec un reporter est un bon moyen de rendre le journal vivant. Ainsi plusieurs protagonistes participent au JT. Cela montre également que l'on s'est rendu sur place pour collecter les informations, l'information apparaît donc commple plus crédible aux yeux des téléspectateurs. Les deux images ci dessous vous permettent de constater que le décor autour du reporter ne montre rien du tout. Effectivement, il fait nuit.

 

Parfois, ce sont des images que commentent le présentateur ou le journaliste. Ces images constituent les preuves et ce sont elles qui sont la véritable information. Les propos des journalistes n'apportent alors que des précisions.Comme vous pouvez le voir dans l'édition du 3 décembre 2013, la voix off explique les raisons du carambolage en Belgique pour France 2. Alors que TF1 analyse une image surprenante en Thaïlande.

Les deux journaux sont donc rendus plus vivants : des images, des animations, des graphiques sont proposées afin de faire passer plus facilement l'information au téléspectateur. A partir de ce que nous avons ennoncé précedemment ainsi que des images ci dessous, il est clair que le journal altèrne entre le visuel et l'auditif. 

Quant au vocabulaire utilisé, il est très précis et accentué par les voix off ainsi que par le présentateur. On entend par exemple Gilles Bouleau insister sur le terme "la très sérieuse enquête PISA". Quant à David Pujadas, il accentue l'adjectif "passable". On retrouve dans les deux journaux une véritable alternance entre le son et l'image. Les deux sont parfaitement complèmentaires comme nous avons déjà pu le montrer.

 

En milieu de journal, TF1 et France 2 proposent un reportage d'une durée de cinq minutes, ce qui est assez important par rapport aux autres reportages qui ne durent en général que deux ou trois minutes. TF1 choisit d'évoquer une actualité politique en parlant "Des condamnés pour courruption qui tentent de revenir en politique." En revanche, France 2 fait un choix plus surprenant en proposant un reportage sur le "Kebab". Ce sujet qui vient après l'actualité économique et l'emploi, apparaît comme plus simple et plus plaisant.

Les deux journaux télévisés proposent une partie magazine. Cette partie marque la rupture avec le reste du journal, les thèmes abordés sont plus culturels ou concernent des informations pratiques. Par exemple dans ce journal, TF1 parle d'un nouveau sport alors que France 2 évoque l'amitié au travail ou les requins. Ce ne sont pas sujets "d'actualité" mais ce sont des sujets qui interessent les Français. Les deux chaînes lancent leur magazine au même moment, à la 27ème minute du journal. Pour marquer la césure, Gilles Bouleau rompt le traditionnel en présentant son magazine debout comme vous pouvez le voir sur l'image ci-dessous. L'image de "l'homme-tronc" a totalement été cassée et Gilles Bouleau confiera dans une emission sur France Culture que cette rupture du traditionnel prit du temps à se mettre en place et fit l'objet d'un débat.

Plus traditionnellement, David Pujadas reste assis et présente simplement les sujets qui seront abordés lors de la suite du journal. 

Chacun des journaux se clot de la même manière en invitant le téléspectateur à rester sur la chaîne. Cette comparaison nous a permis de voir que les journaux ne sont pas si différents qu'il n'y paraissent au niveau de la forme. En revanche, sur le fond, TF1 se base davantage sur le vécu. Par exemple dans cette édition, nous avons pu voir le témoignage d'une victime de braquage, une conversation téléphonique avec détenus... Alors que France 2, comme il l'annonce à chaque fois, utilise une étude ou un sondage afin de créer leurs reportages.